« Cidade
Maravilhosa »
Quand madame Gay nous a présenté le projet de ce récit, je m’en
suis vite réjouie. J’ai de suite pensé à écrire sur mon voyage au Brésil que
j’ai réalisé en janvier 2010 pour la durée d’un mois. En effet, voyager à
travers ce pays était pour moi un rêve et j’avais envie d’en décrire ne
serait-ce qu’une journée et l’avoir sur papier pour ne jamais en oublier les
détails. Après réflexion, j’ai pensé que ma première journée à Rio de Janeiro
serait un sujet intéressant et amusant à écrire. Je me suis concentrée sur ma
visite à la favela de Babilônia car c’est une expérience qui m’a énormément
marquée et plu. Par ce récit je veux faire découvrir un peu de la culture
brésilienne à mon entourage car cela me tiens très à cœur.
En janvier
2010, mon rêve a été réalisé. J’ai voyagé à travers le Brésil pendant un mois.
Nous avons visité neuf villes : Salvador da Bahia, praia do forte, Buzios,
les Foz d’Iguaçu, Morretes, Curitiba, Ilha do Mel, Paranagua et Rio de Janeiro
qui est à mes yeux la plus belle ville au monde. Je suis partie avec une amie,
Nathalie. L’organisation de ce voyage nous a pris trois mois et la visite de
cette ville était pour moi l’apogée de notre voyage. Nous y avons atterrit le
27 janvier 2010.
En arrivant,
notre guide « Monsieur Jérôme », un homme d’une soixantaine d’années,
nous attendait avec des petites lingettes humides ainsi que des bouteilles
d’eau pour que l’on puisse se rafraichir. Cette attention m’a beaucoup touchée
et m’a mise à l’aise. Il nous a fait visiter le Jardin Botanique de Rio de
Janeiro, un endroit merveilleux où la nature côtoie l’art et l’histoire. Nous
avons fini la journée en nous baladant sur les hautes collines qui surplombent
les belles plages connues de Rio.
C’est à ce
moment-là que le téléphone de notre guide a sonné et que mon
« aventure » a commencé. Suite à cet appel, il nous propose d’aller
visiter, le jour suivant, la communauté de Babilônia. Dans notre vocabulaire,
c’était bien une « favela » mais là-bas, ils appellent ces
« quartiers » des communautés car cela est moins péjoratif. J’ai
appris que les gens qui y vivent ne sont pas forcements pauvres et ont un
niveau de vie moyen pour une partie d’entre eux. Je suis restée sans voix, je
ne savais pas quoi répondre car j’avais promis à mes parents que je ne mettrais
pas les pieds dans une « favela ». Accepter aurait trahit leur
confiance, même en étant à 10’000 Km d’eux. J’avoue que j’étais paniquée à
l’idée d’aller visiter une favela et me suis demandée pourquoi « Monsieur
Jérôme » voulait nous amener là-bas.
En effet, cela
n’était pas prévu dans le programme de la journée. J’ai cherché du réconfort
auprès de ma copine qui m’a rappelé que nous n’étions pas obligées d’accepter
et que nous réfléchirions pendant la nuit. Pour nous convaincre, notre guide
nous a expliqué le but de cette visite : Nous allions être accueillis par
des guides qui avaient réussi à pacifier cette « favela » avec l’aide
de travailleurs sociaux et de la police en juin 2009. Leur but était maintenant
de faire venir les touristes avec l’accord de la population pour faire
connaître au monde une favela qui s’est sortie de la drogue et de la pauvreté
extrême. Certains habitants de Babilônia participaient activement au programme
en accueillant les touristes chez eux et en leur préparant à manger ou en leur
donnant des cours de danse. De plus, cette visite était dédiée à faire
connaître cette « favela » et son projet au journal local « O
Globo ». Nous étions alors les bienvenues, ainsi les journalistes allaient
pouvoir nous poser des questions sur ce que nous pensions du programme et de la
promenade entant que simples touristes, étant donné que le reste du groupe
était principalement composé de guides de la région. L’objectif de cette visite
était de sortir un article dans le journal du dimanche sur cette
« communauté » pour enfin montrer un nouveau visage des
« favelas ». D’ailleurs le dimanche qui a suivis, ils avaient publié
une photo de moi en première page, je n’en revenais pas! Grâce à ces
explications j’étais motivée à participer à ce projet qui n’en était qu’à ces
débuts. J’ai alors pris la décision après une nuit de réflexion. En apprenant
que deux enfants étaient conviés à la visite, cela m’a davantage rassurée. Nous
sommes alors partis mon amie, notre guide et moi à l’aventure sur les hauteurs
« interdites » de Rio !
Nous sommes
arrivés vers 8h15 dans un parking près de l’entrée de la communauté de
Babilônia qui est située juste derrière les immeubles de luxe qui longent la
plage de Copacabana et Botafogo. Les maisons sont encore en ciment brut sans
aucunes peintures extérieure (le fait que ces habitations ne soient pas
terminées évite au propriétaire de payer des impôts). Elles sont construites
les unes sur les autres. Il y a peu d’espace pour circuler entre les maisons,
les ruelles sont minuscules et pour accéder aux habitations placées plus haut,
il y a des escaliers parfois dangereux qui font aussi offices de
canalisations ; l’eau coule de chaque côté, sous nos pieds. Les câbles
d’électricité ressemblent à une sorte de toile d’araignée géante.
Nathalie et moi
avons mis des pantalons pour éviter au maximum de nous faire piquer par les
moustiques mais, en plus de cela, nous nous sommes tout de même badigeonnée
d’anti-moustiques et nous sommes équipées d’une casquette pour nous protéger du
soleil, ainsi que d’une bouteille d’eau chacune. En effet, pour nous qui ne
sommes pas habituées à ses chaleurs extrêmes (il faisait environ 35° à l’ombre
à 8 heure du matin), l’eau était absolument nécessaire !
Les
organisateurs nous attendaient déjà et nous sommes tous allés retrouver les
journalistes à l’entrée de la communauté. Les travailleurs sociaux nous ont
expliqués l’histoire de ce quartier. Nous avons tout d’abord traversé la partie
habitée de la communauté. Nous nous sommes baladés à travers les petites
ruelles et les maisons. Nous avons croisé des hommes qui portaient de gros sacs
pleins de briques. Ils avaient l’air de faire ça avec une certaine facilité, ce
qui était assez impressionnant vu le nombre de marche à gravir et la chaleur
qu’il faisait déjà tôt le matin.
Nous sommes
arrivés à notre premier but qui était l’entrée des « trilhas » c’est
à dire les sentiers prévu pour la balade. Le départ était devant l’école du
petit village. Sur le mur de celle-ci était peint un grand drapeau du Brésil en
signe d’amour pour leur pays. L’école était fermée car en janvier, au
Brésil, c’est les grandes vacances d’été. Nous y avons fait un petit arrêt afin
que le guide nous raconte quelques détails sur cette école, dont j’avoue ne pas
bien me souvenir. Puis nous avons commencé une balade d’une heure à travers la
forêt située au dessus de la communauté. Au sommet de cette colline qui
surplombe Rio, nous pouvions voir la plage de Copacabana et la montagne du
Corcovado. Nous avons vu quelques maisons qui étaient encore plus difficiles
d’accès puisque qu’elles étaient en dehors de la zone habitée, un peu comme des
maisons de campagne. Nous avons aperçu des enfants jouer devant leur maison
sous la surveillance de leur mère qui lavait le linge dehors. J’imagine que
l’avantage d’habiter isolés, plus haut sur la colline, est d’avoir plus
d’espace privé à l’extérieur de la maison, ce qui est agréable lors de grandes
chaleurs. Dans la communauté même, les enfants n’ont pas vraiment de verdure où
jouer, ils s’amusent à même les sols chauds en bêton.
En arrivant à
la hauteur de la dernière maison, je me suis rendue compte qu’en entrant dans
la forêt, je ne pouvais plus faire demi tour, je devais finir la marche avec
les autres. Le problème est que je ne suis pas habituée aux randonnées et,
surtout, je ne m’attendais pas à devoir marcher autant hors de la communauté.
J’avais très chaud et le fait de quitter la ville m’a angoissée, je me sentais
perdue ; je me suis dis que s’il m’arrivait quelque chose, les secours ne
pourraient pas venir me chercher. Nous nous sommes alors arrêtés pour que le
guide nous parle et, en voyant la hauteur où nous nous trouvions, j’ai fais un
petit malaise. J’étais très triste de ne pas avoir réussi à gérer mes émotions
et mon stress. Mon amie est venue m’aider et me rassurer, sans son aide j’aurai
surement d’avantage paniqué. Je la remercie d’ailleurs pour son soutien tout au
long de cette journée. Nous avons voulu être discrètes mais un petit garçon qui
était avec nous a commencé à crier que je me sentais très très mal et qu’il fallait
me redescendre d’urgence. J’ai trouvé cela drôle et adorable qu’il s’inquiète
ainsi pour moi. Je l’ai alors rassuré ainsi que le reste de l’équipe et nous
sommes repartis.
Après cette
petite anecdote, je me suis sentie bien mieux et j’ai pu profiter des
merveilleux paysages qui m’entouraient. Nous nous sommes arrêtés plus d’une
fois avant d’atteindre le sommet. Nous avons rencontré des singes, des toiles d’araignée
impressionnantes, des vestiges d’anciens dépôts d’armes. Plus l’ascension de la
colline de Babilônia progressait, plus on voyait la ville de haut et, après une
heure de marche nous somme arrivés sur le rocher du sommet. J’ai vu toute la
ville de Rio sous mes pieds pour la première fois, j’étais fascinée et très
émue ! J’avais attendu ce moment très longtemps, je l’avais souvent rêvé.
J’ai savouré ce moment comme aucun autre, j’ai fait beaucoup de photos et j’ai
posé plein de questions aux guides et journalistes.
En discutant
avec les organisateurs de ce tour touristique, l’un d’entre eux ayant appris
par « Monsieur Jérôme » que j’étais professeure de danses
brésiliennes à Genève, m’a proposé de venir donner des cours de Samba dans le
cadre de leur projet. La prochaine fois que je retournerai à Rio, j’espère
pouvoir concrétiser ce petit projet ! J’aurais aimé contempler la ville
toute la journée, mais le soleil brûlant de plus en plus et la chaleur devenant
insupportable, nous avons dû redescendre.
En arrivant à
la communauté, notre guide nous a donné le choix soit de rester avec le groupe
pour aller manger chez une dame qui habite le quartier, soit d’aller manger
dans un restaurant. Nous avons de suite décidé d’aller manger avec le groupe
chez l’habitante ; c’était une gentille dame qui nous a reçus chez elle.
En arrivant, je ne m’attendais pas du tout à ce que j’y ai vu : sa maison
n’était pas finie à l’extérieur, mais l’intérieur était tout à fait convenable.
La chambre de sa fille était équipée d’un joli lit, d’un ordinateur et d’une
télévision. Je n’en revenais pas. Cette famille n’était pas pauvre et semblait
vivre convenablement, même en habitant dans une favela ; preuve que
j’avais vraiment des préjugés. Nous avons mangé de la viande avec du riz
brésilien. En partant, la plupart d’entre nous lui avons donné quelques
« reais » (monnaie brésilienne) pour la remercier.
La terrasse où
nous avons mangé surplombait la favela. C’était bizarre d’être au milieu de
toutes ces maisons aux murs nus couverts de récipients de récupération d’eau de
pluie avec, en arrière-plan, des habitations luxueuses au bord de la mer.
Malgré ce contraste tragique, je me sentais bien…
Les quelques
habitants que nous avons rencontrés ce jour là nous ont accueillis très gentiment,
ils dégageaient une joie de vivre incroyable et cela nous a redonné des forces
pour repartir à la découverte de la Cité merveilleuse !
Après-coup
du récit
Les enseignements de mon
expérience :
Dans mon rapport à moi :
Cette expérience à été
pour moi bien plus qu’une simple visite. En effet, je suis passionnée du Brésil
depuis mes 14 ans et depuis je consacre une partie de ma vie à cette passion.
Je suis devenue danseuse de Samba et professeure de danses brésiliennes. Entant
que passionnée de ce pays, Rio de Janeiro est la ville que je désirais le plus
connaître. Elle représentait à mes yeux tout ce que j’aime : samba, plage,
soleil, verdure, culture. Mais j’étais bien évidemment consciente des problèmes
de cette ville, tels que la violence et la pauvreté. Malgré cela, je refusais
de voir cette ville comme un danger et je voulais la découvrir par moi-même
pour me faire une idée juste de celle-ci.
Grâce à cette visite
j’ai pu réaliser un rêve : voir Rio depuis en haut et profiter des beautés
de cette ville. J’ai aussi aperçu le lieu des répétitions de l’école de Samba
de la favela de Babilônia, cela étant pour moi un des endroits les plus
importants du quartier, car je crois beaucoup en la puissance de la musique et
de la danse pour aider les gens à vivre mieux. J’ai découvert la gentillesse de
ce peuple si accueillant et rassurant. J’ai aussi vu la pauvreté dans les rues
et dans la communauté. J’ai été rassurée de voir qu’une favela n’est pas seulement
un bidonville et qu’il y a des personnes de classe moyenne qui y vivent. De
plus, j’ai été agréablement surprise par ce projet qui est bien mis en place et
qui a réussis à bannir la violence et la drogue de ce quartier. Pour une fois,
la force d’une association et de la police a porté ces fruits, les habitants y
vivent maintenant en sécurité. Cela m’a motivé pour peut-être aller travailler
avec ces travailleurs sociaux.
J’ai surmonté mes peurs
d’être isolée loin de la ville, pour moi cela a été difficile, mais je suis
fière d’avoir fini la balade avec les autres. Aujourd’hui, quand j’angoisse je
repense à cette journée où j’ai souffert et paniqué mais où j’ai aussi surmonté
tout cela ; j’ai regagné un peu confiance en moi. Du coup je relativise et
je gère mieux mes angoisses.
Dans mon rapport aux autres :
Pour la première fois,
j’ai pu donner ma confiance à un inconnu (mon guide). Il a su me mettre à
l’aise et me dire les bons mots pour me rassurer. La présence de mon amie
Nathalie a été très importante, elle est restée calme tout au long de la
journée et a banalisé la chose. Ma peur étant surtout d’être éventuellement
mêlée à une fusillade comme on en parle au télé journal, le fait d’y être allé
en groupe a été très rassurant et un plaisir, ainsi j’ai pu échanger mes
sentiments (de peur, bonheur, etc.) et ma passion pour cette ville avec des
personnes qui partagent ce même intérêt. A la fin de la journée j’ai remercié
tout le monde du fond du cœur pour cette belle expérience. Même si les autres
ont été importants lors de cette balade, cela est resté mon moment, j’en ai
profité à fond, en me remémorant à
plusieurs reprises que j’étais à Rio, enfin !
Dans
mon rapport au monde :
Je veux par ce récit
transmettre ma passion pour la ville de Rio de Janeiro et la culture
Brésilienne. Je suis heureuse de pouvoir montrer à mon entourage une facette de Rio et de ces
favelas plus positive. De plus, je vais mettre mon récit (sans l’après coup)
sur internet, pour que les personnes intéressées puissent le lire. Je l’ai
aussi envoyé à mon guide pour qu’il puisse le montrer aux organisateurs de la
visite. C’est une manière pour moi de les remercier.
Je suis contente
d’apprendre que le projet tient toujours et que les travailleurs sociaux sont
soutenus par l’État. C’est tellement rare dans de villes aussi grandes et qui
souffrent autant de pauvreté.
Cette visite a été un
déclanchement pour d’autres visites touristiques, c’est une réussite pour toute
l’équipe. J’espère que d’autres personnes prendront exemple sur ce projet et
feront pareil pour d’autres favelas, même si je suis tout à fait consciente que
la pauvreté et la violence ne disparaitra jamais, c’est déjà un début pour un
monde meilleur.
Les enseignements de la démarche d’écriture
Dans ce récit je me situe
en tant qu’auteur, narrateur et personnage. Je suis impliquée dans le récit.
J’ai écris au « je » et au passé. Au début, je voulais écrire ce
texte au présent car je trouvais cela plus joli, mais je n’ai pas réussi. Le
passé me revenait naturellement et cela m’a permis de décrire plus facilement
mes ressentis et mes actes. Les personnages principaux sont moi-même, mon amie
Nathalie et notre guide. Les personnages secondaires sont le reste du groupe
duquel je faisais partie pendant la visite ainsi que tous les habitants que
nous avons rencontrés pendant la visite. J’essaye de montrer dans ce récit un
lien fort entre mon amie et moi ; avec le reste des personnages nous avons
une relation moins intime du fait que je ne les connais pas. Mais nous nous sommes
assez rapprochés pendant la visite, nous avons facilement fait connaissances,
il y avait une ambiance très détendue, j’espère avoir réussi à montrer cela
dans mon récit.
Le choix du
vocabulaire, des phrases et du style n’a pas vraiment été réfléchi. J’ai écrit
comme cela me venait, je voulais que ce texte reflète ce que j’ai ressentit et
soit un récit de voyage spontané, naturel et compréhensible. Par contre, je
trouve que des fois je me répète un peu dans mes phrases, je devrais aller à
l’essentiel. J’ai relu pas mal de fois mon texte et je l’ai fait lire à
plusieurs personnes pour qu’elles me corrigent l’orthographe et me donne des
conseils, cela m’a aidé, mais j’ai eu du mal à mettre un point final. Aujourd’hui, quand je l’ai relu, j’avais encore envie de faire des changements
dans la syntaxe de certaines phases, mais je n’y ai plus touché, je tacherai de
prendre des exemples pour mes prochains écrits.
Après coup, je trouve
que j’aurai pu d’avantage refaire ressortir mes émotions mais cela est
difficile pour moi. Je me sens plus à l’aise à l’oral. Écrire ce récit a été un
plaisir pour moi et je n’ai pas rencontré de difficulté majeure car je parlais
d’un sujet que j’aime beaucoup. Par contre, pendant que j’écrivais l’après
coup, j’ai été un peu lassée de parler du Brésil. Cela m’a surprise, car c’est
la première fois que j’ai ce sentiment. J’aurai peut-être préféré écrire
uniquement le récit. Mais maintenant que j’arrive à la fin de l’après-coup je
suis contente de l’avoir fait car cela est très intéressant. Simplement, la
prochaine fois, je parlerai d’un autre événement qui n’est pas lié à ma passion
car je veux que cela reste un plaisir.